Tirant parti à sa sortie d’un clavier de taille normale, de puces graphique et sonore plus avancées que la moyenne, le Commodore 64 bénéficie dès ses débuts d’une relative simplicité de programmation (seulement en langage machine, les processeurs 650x étant les mieux connus à l’époque). Cette caractéristique inhérente à son architecture s’associe à une politique libérale de la firme à l’égard des programmeurs pour entraîner un support complet de la machine par la majorité des éditeurs de logiciels. Ces derniers peuvent bénéficier à leur tour de l’excellente diffusion du modèle d’ordinateur pour leurs ventes internationales.
C’est, en définitive, le cercle vertueux ainsi créé qui explique la suprématie de ce 8 bits : des jeux « officiels » pour Commodore 64 ont été développés jusqu’en 1994, et la logithèque de ce dernier est réputée avoir plusieurs milliers de titres. Les derniers sortis sur la machine font preuve d’une maîtrise technique en matière de programmation rarement égalée sur d’autres plate-formes.
Un autre facteur important du succès du Commodore 64 est le modèle économique vertical choisi par le PDG de la firme jusqu’en 1984, Jack Tramiel : ce dernier a permis très tôt à Commodore de maîtriser ses coûts de fabrication, et ainsi de contrôler ses prix de vente (le constructeur ayant acquis MOS Technology, fabricant des principaux composants de l’ordinateur).
Le « C64 », pour utiliser son nom d'usage, fut relativement peu diffusé en France, où l'Amstrad CPC s'imposa face à lui. En Grande-Bretagne, le C64 rivalisa très tôt en popularité avec le ZX Spectrum, tandis qu'il régna sans partage sur les marchés nord-américain (USA et Canada) et allemand des années 1980, aidé par la diffusion de son unité de disquettes 1541, peu performante, mais peu onéreuse. Comme nombre de machines de cette époque, il termina sa carrière en Europe de l'Est, où fut commercialisée sa dernière déclinaison connue, le Commodore 64G.
Le Commodore 64 est entré dans l’histoire pour avoir été la première machine vendue à plusieurs millions d’exemplaires (de 17 à 25 millions selon les estimations), et il demeurerait à ce jour le modèle d’ordinateur le plus vendu au monde. Fait notable, avec la diffusion de cet ordinateur est (probablement) apparue une culture underground informatique connue sous le nom de Demo Scene («scène démo»).
1. Déclinaisons et successeurs
La première version du Commodore 64, au clavier sombre et au célèbre boîtier de couleur beige et de forme arrondie à l'avant, connaît très tôt de nombreuses évolutions de ses composants. Ces dernières visent à diminuer son coût de fabrication et la chaleur qu'il diffuse : ainsi, en 1983, le boîtier des ordinateurs équipés d'un nouveau modèle de carte mère devient substantiellement moins haut : ce modèle est le plus fréquemment rencontré, notamment en Europe.
Commodore tente en 1984 de proposer, plus en complément, qu’en remplacement du C64, le Commodore Plus/4. Ce dernier possède un affichage plus haut en couleurs, une meilleure implémentation du BASIC (V3.5) et quatre logiciels (traitement de texte, tableur, gestionnaire de fichier et graphisme) implantés en mémoire morte. Cependant, il lui manque les capacités de sprites. En outre, le Plus/4 propose des capacités sonores en retrait, une bibliothèque de logiciels quasi-inexistante et surtout une absence de compatibilité avec les logiciels du C64. Malgré un prix de vente attractif (1990 francs français à sa sortie), c’est un échec cuisant.
Le constructeur sort la même année deux modèles d’entrée de gamme (destinés à l’initiation à l’informatique) : le C16, destiné au marché nord-américain, et le C116, destiné au marché européen. Ces derniers visent à remplacer le Vic-20, mais ne connaissent qu’un succès modeste.
1984 voit enfin la commercialisation d'un modèle « portable » du Commodore 64 : le SX-64, qui intègre une unité de disquettes et un écran avec affichage en couleurs de 5’’ de diagonale dans un boîtier de 10,5 Kg. Toutefois, le prix de vente élevé de la machine et sa faible diffusion fait que la fabrication est interrompue dès 1986.
Par la suite, des ordinateurs plus performants arrivant sur le marché —comme le véritable successeur du C64, à savoir le pleinement compatible Commodore 128 (fin 1985) et, surtout, les systèmes 16 bits (Apple Macintosh, puis Atari ST et Amiga)— Commodore fait du C64 son ordinateur d’entrée de gamme, et abaisse considérablement le prix de vente de ce dernier (de près de 1500 F en France).
En 1986, la marque commercialise le Commodore 64C (« C64C ») : fonctionnellement identique au modèle original, mais avec un design extérieur remodelé dans l’esprit plus « moderne » du Commodore 128, ce dernier possède en outre un facteur de forme réduit pour atteindre un coût de fabrication inférieur. Incidemment, il est doté d’une nouvelle version du SID (à base de MOS Technology 8580, qui offre un son légèrement différent). Vers la fin de sa vie, le C64C est le plus souvent commercialisé en packs avec une unité de disquettes 1541-II, une souris 1351 et le système d’exploitation à interface graphique GEOS : ce dernier est une prouesse technique qui tient sur une disquette et peut être pilotée à la souris ou avec une manette de jeu.
En 1987, le Commodore 64G, qui se distingue par un boîtier gris et par un clavier de couleur claire, est fabriqué en RFA et reprend le design du modèle de 1982, tout en intégrant des composants entièrement revus : cette déclinaison à faible coût évoque une expérience qui avait été tentée avec les supermarchés allemands Aldi quelques années auparavant. Elle est vendue en RFA et dans les Pays de l’Est.
En 1990, Commodore sort un Commodore 64 Game System (C64GS), en fait un ordinateur dépourvu de clavier et de port série qui est proposé à la vente comme console de jeux vidéo : ce modèle rare et dénué d’intérêt sur le plan fonctionnel est aujourd’hui recherché par les collectionneurs.
Pendant l’été 2004, après une absence sur le marché de près de 10 ans, Tulip Computers BV (propriétaire de la marque Commodore depuis 1997) annonce un C64-Direct-To-TV, en fait une console de jeu tenant dans une manette, offrant une compatibilité totale avec le C64 et reprenant 30 titres préprogrammés en ROM, selon un principe similaire aux mini-consoles basées sur l’Atari 2600 et l’Intellivision qui avaient été commercialisées peu de temps auparavant.
Longtemps après la fin de sa vie officielle, le Commodore 64 est encore employé, particulièrement pour la musique, mais aussi, par exemple, pour l’affichage des horaires du métro de Melbourne, en Australie. Ses programmes peuvent être utilisés sur des machines plus récentes au moyen d’un émulateur (le plus célèbre est ViCe, et il existe même aujourd’hui un émulateur qui fonctionne sur iPhone). Enfin, certains jeux du Commodore 64 sont disponibles via le service en-ligne WiiWare de la console Nintendo Wii.
2. Caractéristiques techniques
Le Commodore 64 utilise un microprocesseur 8 bits 6510 (un successeur du MOS Technology 6502 qui a la possibilité de gérer des banques de mémoires en les amenant à la demande dans l'espace d'adressage du processeur) et il dispose de 64 kilo-octets de mémoire vive.
Sa puce graphique, VIC-II, fournit 16 couleurs, huit sprites (le terme fut curieusement traduit par «sylphe» en Français à l’époque), des capacités de défilement (scrolling), et deux modes graphiques. Le mode texte possède 40 colonnes de caractères, comme la plupart des modèles PET antérieurs fabriqués par Commodore.
Sa puce sonore, dénommée SID, fournit quant à elle trois voies, plusieurs formes d’ondes, de modulations sonores et des capacités de filtrage. Elle est très avancée à l’époque de sa sortie (son concepteur, Bob Yannes, est devenu par la suite un des co-fondateurs de la société de synthétiseurs sonores Ensoniq).
Le langage BASIC intégré (en ROM) de la machine est en revanche vieillissant même en 1982 : il n’offre pas de moyen simple pour tirer parti des capacités graphiques et sonores de la machine ; les utilisateurs doivent donc utiliser les commandes PEEK et POKE pour adresser directement la mémoire afin d’obtenir le résultat qu’ils escomptent. Pour combler cette lacune, des solutions telles que le recours à un logiciel tiers, tel le Simon’s BASIC, ou la programmation directe en assembleur (langage machine) s’imposent. Commodore avait en sa possession en 1982 une meilleure implémentation du BASIC, mais, selon plusieurs sources, il aurait finalement choisi de vendre le C64 avec le même langage que celui utilisé dans le VIC-20, de peur que le C64 ne ternisse les ventes du PET/CBM.
Le C64 hérite des ordinateurs CBM et du VIC-20 un port utilisateur programmable (6522) et un port série propriétaire fonctionnant sur un principe proche de l'IEEE-488 et permettant de brancher (et d'adresser) des périphériques, en particulier une ou plusieurs unités de mono-disquettes de 5.25 pouces de modèle 1540 (celui pour le VIC-20), 1541 et 1542.
Ordinateur individuel Commodore 64
Déclinaisons | Déclinaisons : C64 (1982), SX-64 (version portable, 1984), C64c (1986), C64G (1987), C64GS (1990) |
Constructeur | Commodore Business Machines Inc., Commodore International |
Année de sortie | Août 1982 |
Fin de commercialisation | Avril 1994 |
Microprocesseur | MOS Technology 6510 8 bits, 1.023 MHz (NTSC) ou 0,985 Mhz (PAL) |
Coprocesseur(s) | Processeur graphique VIC-II, puce sonore SID MOS Technology 6581[+]/8580 |
RAM | 64K extensible à 16 Mo* (38 Ko disponible pour les programmes BASIC par défaut; 2 Ko de mémoire vidéo de caractère) ou 320 Ko (avec Commodore 1764), 256 Ko avec l’Unité d’extension mémoire (cependant, seuls 64 Ko demeurent directement accessibles, le reste de l’unité d’extension étant destinée principalement à GEOS)
* avec carte d’extension 20 MHz Turbo Super CMD 64[1]. |
ROM | 20K |
Langage en ROM | BASIC Commodore V. 2 |
Système d’exploitation, logiciels | Langages de programmation (PASCAL, LOGO, etc.) & système d’exploitation fenêtré en option (GEOS ou Contiki (homebrew) |
Modes d’affichage | Modes texte : 40×25 caractères de 8×8 pixels monochrome (un plan); 40×25 demi-résolution caractères de 4×8 pixels (2 bitplanes) multicouleurs ; modes graphiques : bitmap de 320×200 pixels monochrome; 160×200 en 16 couleurs (noir, blanc, rouge, cyan, violet, vert, bleu, jaune, orange, marron, rouge clair, gris foncé, gris moyen, vert clair, bleu clair, vert clair) |
Capacités sonores | 3 voies ADSR-programmable sur 9 octaves |
Entrées/sorties | Sortie vidéo composite RCA, 2 ports manettes CIA 6526 DB9, alimentation externe (DIN), 1 port cartouche, 1 sortie RF, 1 port IEEE-488 lecteur de disquette/imprimante, 1 port cassette, 1 port GPIO/RS-232 |
Périphériques | Lecteur/enregistreur de cassettes et/ou unité de disquettes 5,25’’ en option |
J'imagine que ça a été retouché car l’écran me parait bien plat pour cette époque.